Cycle de conférences autour de l'exposition Modigliani / Zadkine, une amitié interrompue

Conférence thématique

Cycle de conférences à la Bibliothèque André Malraux

En partenariat avec la bibliothèque André Malraux, 112 rue de Rennes, 75006 Paris

Les jeudis 9 janvier, 6 février, 6 mars à 19h

Jeudi 9 janvier

Arthur Pfannstiel, escroc, faussaire et premier biographe de Modigliani

Conférence de Didier Schulmann, Conservateur en chef du Patrimoine, conservateur au centre Georges Pompidou, chargé de la documentation de la collection du musée national d'art moderne

La quantité de publications et de catalogues sur Modigliani, depuis un siècle, est telle qu’on a oublié que le premier biographe de l’artiste et compilateur du premier catalogue raisonné de son œuvre est Arthur Pfannstiel, un jeune artiste et amateur d’art, allemand tout fraîchement installé à Paris en 1926.

En décembre 1929, il fait paraître ce “Modigliani” qu’il n’aura de cesse, tout au long de sa vie, de compléter par des œuvres … de plus en plus douteuses !

Tout au long de sa vie, pas vraiment : Pfannstiel saura interrompre opportunément sa carrière de critique et d’historien de l’art pour traduire en français des discours du chancelier Hitler, des traités racialistes en vogue dans l’Allemagne du IIIème Reich, de traduire en allemand en 1938 Bagatelle pour un massacre de L.-F. Céline et même, en 1940, de publier, dans la maison d’édition du parti nazi, un essai sur la France, antisémite et anti-francs-maçons.

On le suit, pendant l’Occupation, très affairé dans les persécutions contre les francs-maçons dont il perquisitionne les logements où il s’empare d’œuvres d’art dont il fait ensuite commerce.

Ces activités le conduisent sur les bancs de la Cour de Justice, puis du Tribunal militaire, dont il ressort en 1950 pour reprendre vaillament son œuvre modiglianienne si fâcheusement interrompue …

Jeudi 6 février

Le marchand Paul Guillaume (1891 – 1934) et Amedeo Modigliani. Le creuset magique du Paris de la Grande Guerre

Conférence de Sylphide de Daranyi, historienne et historienne de l’art, Auteur de la biographie « Paul Guillaume. Marchand d’art et collectionneur ‘1891 – 1934) », éditions Flammarion/Musée de l’Orangerie, 2023, chercheuse indépendante

Jeune Parisien impécunieux, mais passionné d’art, Paul Guillaume eut la chance de rencontrer Guillaume Apollinaire en 1911. L’écrivain et critique fut séduit par son enthousiasme et leur intérêt partagé pour les arts africains et l’introduisit dans toute l’avant-garde intellectuelle et artistique, de Montmartre à Montparnasse. Paul Guillaume ouvrit sa première galerie dès février 1914. puis fut réformé au début de la guerre. Le conflit constitua pour lui une opportunité et il prit sous son aile plusieurs artistes, dont Amedeo Modigliani.

Guillaume devint un acteur dynamique du marché de l’art dans la capitale dès 1916. Il accompagna Modigliani dans son passage de la sculpture à la peinture, exposa ses œuvres et en envoya à l’étranger. Si Guillaume a certainement connu Ossip Zadkine, apprécié d’Apollinaire et très lié à Modigliani, dès les années 1910, il resta jusqu’à sa mort lié au sculpteur, alors qu’il était devenu l’un des plus importants marchands européens.

Jeudi 6 mars

L’exposition Modigliani à la galerie Berthe Weill en 1917

Conférence de Marianne Le Morvan, Dr en Histoire de l’art, directrice des archives Berthe Weill, commissaire d’expositions et chargée des collections du Fonds de Dotation Léon Delachaux.

Seule rétrospective du vivant de l’artiste, l’exposition personnelle de Modigliani à la Galerie B.Weill en décembre 1917 est devenue légendaire. D’abord parce qu’à cause de quatre nus « qui avaient des poils », l’événement fit scandale le soir même du vernissage. Berthe Weill fut alors contrainte par la Police de censurer, à contre-cœur, les toiles litigieuses. L’exposition continua mais sans les tableaux incriminés et ne fit aucune vente.

Par ailleurs, ces toiles invendues un siècle plus tôt atteignent de nos jours des records aux ventes aux enchères. Au cœur d’une bataille d’experts, le moyen le plus incontestable de prouver l’authenticité d’un tableau pour son propriétaire est donc de s’assurer qu’il ait été exposé avant la mort de Modigliani en 1920. L’identification des toiles de cette exposition chez Berthe Weill, et l’accès aux archives des marchands de l’époque en général, est donc devenue une question particulièrement importante pour les chercheurs et le marché de l’art.