Aux Etats-Unis

En septembre 1943, pendant son exil à New York, Zadkine obtient un poste de professeur (il est nommé « instructor ») dans une école d’art renommée, The Art Students League. Fondée « par des artistes et pour des artistes » en 1875, cette école a formé nombre d’artistes devenus célèbres : Alexander Calder, Barnett Newmann, Robert Rauschenberg, Cy Twombly… Dans le journal qu’il a tenu de ces années-là, Zadkine se dit heureux d’avoir trouvé ce travail pour l’aider à vivre, la vente de ses œuvres ne pouvant y suffire.

Le Black Mountain College

Avant son retour en France, en 1945, Zadkine enseigna quelques mois au Black Mountain College, en Caroline du Nord. Il avait auparavant refusé l’offre de Laszlo Moholy-Nagy d’enseigner à l’Institute of Design de Chicago. Dès sa fondation en 1933, cette université expérimentale avait confié la direction de l’enseignement artistique à l’artiste Josef Albers et à sa femme Anni Albers, qui venaient de s’installer aux Etats-Unis après avoir quitté l’Allemagne où tous deux avaient été professeurs au Bauhaus. Le Black Mountain College devient alors un centre où se transmet l’enseignement du Bauhaus. Dans les années 50, sous l’impulsion du poète Charles Olson qui crée la revue « Black Mountain Review, des séminaires d’été sont confiés à John Cage pour la musique, à Merce Cunningham pour la danse, à Franz Kline et à Robert Motherwell pour la peinture. Le Black Mountain College ferme ses portes en 1957.

The Ossip Zadkine Studio of modern sculpture and drawing

En 1948, Zadkine décide d’ouvrir une école d’art dans un atelier situé 70 rue Notre-Dame-des- Champs, à proximité de sa maison-atelier du 100 rue d’Assas. Cette institution intitulée « The Ossip Zadkine Studio of Modern Sculpture and Drawing », reçoit l’agrément de l’Administration des Vétérans du Gouvernement des Etats-Unis, permettant ainsi aux vétérans des Forces armées de s’y inscrire en tant qu’étudiants.

Dans le document de présentation en langue anglaise de l’école, il est indiqué que les cours sont dispensés en anglais. Les frais de scolarité comprennent les matériaux suivants (argile, terre cuite), mais les outils sont à la charge des étudiants. Prenant appui sur son enseignement à The Art Students League de New York, Zadkine déclare encourager ses élèves à une création personnelle. Dans le cadre de la G.I. Bill of Rights, de nombreux américains suivront ses cours, dont le peintre Kenneth Noland, pour lequel Zadkine rédigera la préface du catalogue de son exposition à la galerie Creuze en 1949.

A l'Academie de la Grande Chaumière à Paris

C’est en 1946 que Zadkine s’est vu confier la direction de la classe de sculpture à l’Académie de la Grande-Chaumière, située à Montparnasse, rue de la Grande-Chaumière. Son cours connut un grand succès. Il y enseignera jusqu’en 1958. « Ma classe à l’Académie de la Grande-Chaumière est un carrefour de la jeunesse internationale qui cherche le monde nouveau des formes. J’ai près de 30 élèves pour commencer et à chaque conférence critique que je fais, le vendredi, de 10 à 12 heures, il y a foule d’étrangers qui vient écouter ce que j’ai à dire. C’est très réconfortant, ces jeunes, mais je sors fatigué comme si je venais de subir un chaud et froid » écrit-il en septembre 1950 à son ami André de Ridder.

En effet, parmi ses élèves étrangers devenus des sculpteurs réputés, on peut citer Alicia Penalba qui venait d’Argentine, Manuel Felguérez, du Mexique, Dietrich-Mohr, d’Allemagne, Richard Stankiewicz, des Etats-Unis, et Marta Colvin, du Chili. Celle-ci a rendu hommage à Zadkine en publiant ses cours de1949-1950 :  « Rue de la Grande-Chaumière n°10, l’atelier d’Ossip Zadkine, un jeudi. Avant même d’entrer, on entend sa voix. Ardente et ferme, c’est celle d’un maître qui possède la certitude et la communique avec sa foi, sa ferveur, son feu ».

Un autre de ses étudiants Gaston Louis-Marchal, devenu ensuite un proche, a publié une « transcription » de son enseignement au cours de l’année 1953. A ses élèves travaillant d’après un modèle vivant, Zadkine prodiguait ses conseils : « Devant la nature, regardez sans cesse, étudiez sans répit – mais sachez choisir car - de toute façon on ne peut pas tout voir, et d’autre part, on ne doit pas tout retenir ».